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Une gestion réussie de troubles du comportement



Cas clinique
L’exemple du traitement réussi d’une femelle chihuahua présentée en consultation ostéopathique pour troubles du comportement, à relier visiblement à ses conditions d’élevage, montre l’intérêt de l’ostéopathie dans ce domaine a priori éloigné de son champ d’application. Peut-on traiter des troubles du comportement par ostéopathie ? A priori, ce n’est pas l’indication première, mais le cas qui suit illustre les possibilités des manipulations dans ce type de problème. Dixie est un femelle chihuahua de 14 mois qui présente, depuis son arrivée dans la famille, de graves troubles du comportement : hyper-attachement, anxiété de séparation, boulimie (elle dévore tout ce qui lui tombe sous la dent) et accès de peur ou d’agressivité totalement inexpliqués.
Dans un premier temps, les propriétaires ont cru que ce comportement était normal pour un chiot mais, avec le temps, les symptômes s’aggravent et commencent à poser des problèmes dans la vie quotidienne. Ne pouvant administrer aucun médicament à leur chienne, ses propriétaires l’amènent à la consultation d’ostéopathie. Le motif de consultation est donc pour le moins original puisque la chienne ne souffre apparemment d’aucun trouble physique, ce que confirme l’examen clinique, mis à part un problème de surpoids (2 kg 900).
L’examen ostéopathique ne révèle quasiment rien de structurel, à part la D13 et le diaphragme qui sont en dysfonction. En revanche, le tableau viscéral est très riche : intestin grêle, estomac, rein droit, hypophyse, glande thyroïde, surrénales et ombilic sont en restriction de mobilité. Au niveau crânien, le système limbique, ici testé comme le serait un viscère, présente lui aussi de grosses perturbations, en particulier le fornix, le thalamus, les amygdales et l’hypothalamus.


Rôle des amygdales
Les études effectuées dans l’espèce humaine montrent que l’hypothalamus est un organe d’intégration, siège du contrôle de la soif, de la faim, de la température et qui régule l’hypophyse.
Une stimulation électrique dans la partie latérale de l’hypothalamus postérieur provoque des accès de rage et d’agressivité dirigés qui s’arrêtent à la fin de la stimulation. On peut également déclencher une réaction de peur par cette même action. La lésion des noyaux hypothalamiques ventromédians de l’hippocampe qui contrôle cette zone postolatérale de l’hypothalamus entraîne une hyperactivité émotionnelle chronique.
Les amygdales jouent un rôle important dans les troubles de l’anxiété. Elles sont fortement impliquées dans la composante émotionnelle des souvenirs.
Les dysfonctions observées chez Dixie expliquent bien ses troubles du comportement, lesquels sont apparus très tôt. En effet, les conditions d’élevage étaient loin d’être idéales : la chienne est issue d’un élevage dit familial où les chiots sont nés et ont grandi dans la cuisine, en cage, en présence de deux gros chiens et d’enfants en bas âge.


 
Travailler en crânien
Le traitement a nécessité plusieurs séances et a consisté à travailler en crânien sur le système limbique uniquement. La correction des dysfonctions à ce niveau a suffi à rétablir la mobilité viscérale.
Un mois après la première manipulation, la chienne a perdu 500 g, mais ce n’est qu’après la deuxième séance que des changements notables apparaissent : disparition de la boulimie, diminution de l’anxiété, de la peur et de l’agressivité, encore améliorés par une troisième séance.
Les résultats obtenus dans ce cas sont donc intéressants mais demandent à être confirmés par d’autres exemples, cette voie étant encore à ce jour insuffisamment exploitée.

Pascale MONFERRAN
vétérinaire pratiquant l’ostéopthie N° 1069 du 6 au 12 mars 2010 
La Dépêche Vétérinaire