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Ulcère de la cornée : restaurer les fonctions pour favoriser l’autoguérison



Certaines affections n’apparaissent que quand la vascularisation, l’innervation, la nutrition des tissus sont perturbées.
Il suffit alors de restaurer ces fonctions pour que l’organisme se répare de lui-même. Illustration avec un cas d’ulcère cornéen.
L’ulcère de la cornée est une atteinte traumatique ou infectieuse (bactérienne ou mycosique) de la paroi externe transparente de l’œil. Elle se traduit par : 
• une vive douleur en particulier à la lumière, 
• une opacité de la membrane cornéenne, plus ou moins creusée, plus ou moins néovascularisée,
• un larmoiement important.

Auto-aggravation
Cette affection a souvent tendance à l’auto-aggravation, soit parce que la cause infectieuse persiste, soit parce que les polynucléaires neutrophiles qui migrent sur le lieu déversent des protéases qui attaquent même la cornée saine.
Les traitements pratiqués sont :
• l’antibiothérapie (qui ralentit la cicatrisation),
• l’atropine localement, 
• des AINS systémiques, 
• la N acétylcystéine,
• mais surtout l’anti-protéase  comme l’EDTA qui  selon le Dr Brooks est la clé de voûte du traitement actuel et permet de guérir 90% des ulcères cornéens, 
• des thérapies adjuvantes qui peuvent être l’instillation de sérum du cheval dans l’œil ou la greffe d’une membrane amniotique très intéressante en cas de desmetocele.

Ostéopathie et arrêt des traitements
Mais l’ostéopathie dans tout cela ?
Hercule est un superbe étalon comtois qui, depuis plus de 15 jours, est sous traitement pour un ulcère étendu de la cornée de l’œil gauche.
Les collyres sont à base d’antibiotiques, de N acétyl-cystéine mais pas d’EDTA. Les résultats sont voisins de zéro : l’œil coule en abondance et reste fermé, la cornée est entièrement opaque, les vaisseaux cicatriciels ne sont pas encore apparus. L’ulcère est toujours bien visible, même sans fluorescéine.
Le traitement décidé consiste en des séances d’ostéopathie régulières et une mise en box, au noir, 5 jours, à l’exclusion de tout traitement local ou systémique.


Impression d’œil mou
La première séance d’ostéopathie est assez caractéristique puisque, outre quelques tensions dorsales, on retrouve une forte tension sur le tour de l’œil et "l’impression tissulaire d’un œil mou". Il est alors réalisé un travail sur les membranes de tensions réciproques (faux du cerveau et tente du cervelet). À la fin de la séance, l’impression d’œil mou a disparu. Au cours des séances suivantes, de nouveaux tests et techniques seront réalisés sur cette zone pour "fignoler". Le lendemain apparaît un fort œdème palpébral. En deux jours, les vaisseaux cicatriciels commencent à apparaître. En une semaine, l’œil s’ouvre même à la lumière et les écoulements se tarissent. Il faudra encore une semaine pour une cicatrisation complète.
L’intérêt de ce cas est de mettre en avant deux principes chers à Still (fondateur de l’ostéopathie) :
• la règle de l’artère, 
• l’auto guérison.
Certaines affections n’apparaissent que quand la vascularisation, l’innervation, la nutrition des tissus sont perturbées.
Et il suffit de pouvoir les restaurer pour que l’organisme se répare de lui-même.
C’est le rôle d’une séance d’ostéopathie de pouvoir restaurer l’équilibre des grandes fonctions jusqu’au niveau local. 

Patrick CHENE
vétérinaire pratiquant l’ostéopthie
La Dépêche Vétérinaire
N° 970-971 du 5 janvier au 18 janvier 2008